Pour faire des rencontres amoureuses plus facilement, certains profitent des technologies actuelles pour gagner en visibilité. Ils s’inscrivent sur des plateformes pensées pour eux, agrémentent souvent leur profil de photos et de descriptions, puis partent en quête d’autres profils avec qui se mettre en relation. Tout ici est question de visibilité. Les plateformes de rencontres amoureuses permettent à une personne d’être plus visible des autres célibataires, tout en ayant une meilleure visibilité sur ces derniers. Avec plus de visibilité, parfois, l’amour triomphe plus facilement. Le proverbe loin des yeux loin du cœur ne contredit pas cela. Notre projet part de ce constat et s’est donné l’ambition d’aider ceux qui ont besoin de visibilité pour aider la biodiversité à triompher dans les agroécosystèmes.

Qui sont ceux souffrent d’un déficit de visibilité ? Au premier chef, les espèces qu’on ne voit pas. Celles aussi qu’on ne regarde pas. Trop petites, trop discrètes ou encore trop disgracieuses, certaines espèces sont négligées alors qu’elle peuvent être parfois être essentielles. De nombreuses personnes sont préoccupées par les menaces qui pèsent sur le Panda géant, à raison, mais trop peu sont au courant des 80% d’insectes disparus en Europe ces trente dernières années. Ces espèces ne sont pas les seules à manquer de visibilité. Ceux qui agissent pour les protéger également. Les agriculteurs qui veulent protéger la biodiversité dans leur champs, et les scientifiques qui l’étudient manquent eux aussi cruellement de visibilité. Notre projet a pour objectif d’aider ces “invisibles”.

(in)visible est une plateforme de mise en relation entre les agriculteurs qui font des efforts pour maintenir ou rétablir la biodiversité dans leur champs, et les consommateurs finaux qui sont sensibles à ce sujet. Ces consommateurs pourront ainsi, de manière ponctuelle ou régulière, récupérer des produits frais auprès des exploitants de leur région qui sont référencés sur la plateforme, et soutenir ainsi leur efforts pour la biodiversité. Par ces mises en relation, la plateforme a pour objectif premier de permettre aux agriculteurs de voir leurs bonnes pratiques valorisées. En effet, la profession d’agriculteur paraît aujourd’hui souffrir de problèmes si nombreux. Entre la pression à la compétitivité, la pression législative et le dénigrement d’une partie de la population, les agriculteurs sont mis sous pression de tous les côtés. Il nous semble essentiel de modestement contribuer à la reconnaissance des efforts que font certains pour la biodiversité.

Comme sur certaines applications de rencontre, notre plateforme permettra aux agriculteurs d’agrémenter leur profil de photos et de descriptions concernant leur actions en faveur de la biodiversité. En parallèle, la plateforme sera alimentée en information à partir de bases de données provenant de l’Observatoire National de la Biodiversité (ONB), de l’Observatoire agricole de la Biodiversité (OAB) et des chambres locales d’agriculture. Il est judicieux de préciser que des organismes publics tels que l’OAB ont par le passé déjà initié des projets au succès mitigé de valorisation des bonnes pratiques des agriculteurs. Notre projet vient compléter et pérenniser le travail réalisé par l’OAB en faisant participer les consommateurs finaux. Nous en venons au deuxième objectif de la plateforme : informer ses utilisateurs sur la biodiversité qui les entoure. Cartographie de la biodiversité, histoires et caractéristiques des espèces invisibles en danger, nature et destination des produits cultivés par les agriculteurs de la plateforme. L’utilisateur pourra accéder à ces informations et en apprendre davantage sur les agroécosystèmes locaux. Même si le service est pensé pour les personnes ayant déjà un intérêt pour la biodiversité, des fonctionnalités de partage permettront aux utilisateurs d’informer leurs amis de leur activité sur la plateforme. Cette dernière pourra de cette manière avoir une action de sensibilisation plus large sur le déclin de la faune et de la flore ainsi que sur les bonnes pratiques des agriculteurs. Enfin, la plateforme laissera une place importante pour les échanges entre les membres de la communauté qu’elle va rassembler. De manière participative, les utilisateurs avertis pourront ajouter du contenu à la plateforme, délivrer des conseils sur les pratiques locales et ainsi faire profiter les utilisateurs curieux de leur expérience.

Sous la forme d’une application mobile, (in)visible se veut être un projet cohérent. La publicité y tient une place particulière. Tout en restant une source de revenu, la publicité présente sur la plateforme sera sélective afin de soutenir des entreprises engagées en faveur du vivant en leur proposant des espaces publicitaires. Par ailleurs, les utilisateurs auront la possibilité sur la plateforme de soutenir par des dons la recherche scientifique sur la biodiversité ainsi que les actions d’organismes partenaires.

L’accès à la plateforme sera gratuit. Nous en venons à la question du financement de la plateforme. En dehors de la publicité que nous voulons garder marginale, comment assurer la viabilité économique du projet ? Toujours dans un esprit de cohérence, il est judicieux à ce stade de préciser que le projet (in)visible se garde de nourrir le moindre but lucratif. Cela étant dit, nous avons imaginé un ensemble de services additionnels qui sera proposé dans un abonnement premium afin de garantir la sécurité financière de la plateforme. Ce modèle “freemium” reposera sur les services “premium” suivants : des paniers alimentaires découverte offerts pour l’abonnement, l’accès à des services de groupements d’achats et de covoiturage pour se rendre dans des exploitations ou points de vente partenaires, entre membres de la communauté, une newsletter, et des idées recettes pour intégrer les produits proposés.

Mettre en relation les consommateurs finaux et les agriculteurs faisant des efforts pour la biodiversité, valoriser les bonnes pratiques des agriculteurs, informer et sensibiliser le consommateur citoyen au déclin du vivant, soutenir les entreprises et la recherche qui se concentre sur la biodiversité. Tels sont les principaux objectifs du projet (in)visible, mais tout cela pour quoi? Pour l’amour de la biodiversité d’une part, mais pas seulement. Il est également question de sécurité alimentaire. Une espèce peu visible mérite toujours d’être préservée comme élément essentiel de la richesse du vivant, quand bien même celle-ci serait “inutile”. La réalité est que la plupart des espèces dont on parle ici méritent doublement d’être préservées, car elles sont tout sauf inutiles. Pour n’en citer qu’une conséquence, la catastrophe du déclin des insectes met en danger le contenu de nos assiettes. Quand bien même les hommes se chargeraient eux même du travail de pollinisation, la sanité et la diversité des produits que nous mangeons en souffrirait drastiquement. Éviter ces catastrophes constitue la mission principale du projet (in)visible.